La technique du bon/mauvais flic, ça consiste en quoi ?
Dans les films ou les séries policières, il n'est pas rare d'observer cette technique d'interrogatoire du good cop/bad cop. Elle consiste à souffler le chaud et le froid de la part des deux personnes qui cherchent à obtenir des informations pour déstabiliser l'interrogé. Le but ? Que ce dernier passe aux aveux avec le gentil flic, pour éviter d'avoir affaire aux techniques du méchant. Il s'agit donc tout simplement d'une technique de manipulation psychologique que certains parents appliquent à l'éducation de leurs enfants. En optant pour ce jeu de rôle, avec un parent plus cool et un parent sévère, certains pensent ainsi pouvoir éviter les crises et assurer la discipline de leur enfant. Les chercheurs de l'université de l'Iowa se sont ainsi penchés sur cette méthode et ils en déconseillent l'usage, tout comme notre expert Gilles-Marie Valet, pédopsychiatre, auteur de Dites pas ci, dites ça.
Mauvaise idée pour élever un enfant d'opposer les parents
En effet, l'idée d'opposer les parents dans deux rôles très schématiques envoie un message ambigu à l'enfant, qui peut être dérouté. Cette ambivalence entre attitude conciliante et sévère suscite l'incohérence des plus jeunes et affecte leur confiance en eux. Ne pas avoir un discours uni et clair de la part du couple parental peut ainsi générer "un niveau d'incohérence qui exacerbe le stress", déplore Thomas Schofield, en charge de l'étude sur le sujet. "Ce que les humains détestent plus que tout, ce qui nous cause plus de stress qu'autre chose, c'est l'incertitude", théorise à ce propos le professeur. Gilles-Marie Valet estime ainsi qu'il est normal que les deux parents aient une vision propre de l'éducation qu'ils veulent transmettre, chacun arrivant avec son bagage et son histoire personnelle. "Ce n'est pas grave si les deux parents n'ont pas les mêmes méthodes. Ils peuvent emprunter des chemins différents, tant qu'ils sont en accord sur la destination à atteindre. Ce qui est important en fait, c'est que chaque parent exerce tour à tour le rôle d'autorité", insiste-t-il.
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Ne pas confondre autorité et sévérité
D'ailleurs, imaginer que l'un des parents endosse le rôle du mauvais flic, c'est-à-dire d'une personne dure, rabaissante, qui est crainte par l'enfant n'a rien de sain, ni pour le parent ni pour l'enfant. Un parent n'a pas à générer de la peur chez son enfant pour imposer son autorité. "D'ailleurs, cela traduit une idée fausse selon laquelle faire preuve d'autorité est forcément une attitude négative, et faire preuve de laxisme une attitude de gentil... C'est faux !", affirme notre pédopsychiatre Gilles-Marie Valet. "L'autorité parentale fait partie des responsabilités inhérentes à la fonction de parents à endosser lorsqu'on décide d'avoir des enfants. L'autorité, c'est structurant pour l'enfant, qui a besoin d'un cadre pour évoluer. Mais attention, autorité et sévérité sont deux choses bien différentes. On peut choisir d'exercer son autorité sans sévérité", explique-t-il.
Idéal pour transmettre des valeurs sexistes
Autre problème de cette méthode : c'est souvent très cliché et assez sexiste. Cette technique du bon flic et du mauvais flic transmet des étiquettes de genre à l'enfant, quelle que soit la combinaison choisie. Soit papa est le grand dur et maman une mère poule protectrice, ou encore le schéma de la mère tyran et du père laxiste encore à moitié ado. Face à ce spectacle clivant, les enfants auront plutôt tendance à appliquer ces étiquettes étroites à toutes celles et ceux qu'ils rencontreront par la suite, ainsi qu'à eux-mêmes. "L'enfant pourrait ainsi en venir à considérer des attitudes comme trop "féminines" et d'autres comme trop "masculines". Cela enferme les genres dans un rôle bien défini", assure Gilles-Marie Valet. Pour une éducation moins sexiste et qui n'enferme plus les individus dans des rôles pré-établis par la société, on repassera !
La bonne méthode d'éducation existe-t-elle ?
Mais quelle serait alors LA solution ? "On n'a pas inventé de méthode miracle, il n'existe pas de meilleures façons d'exercer son autorité, mais certaines clés permettent de mettre en place un climat bien plus positif que d'autres", estime le pédopsychiatre. "Même si les parents ont des modes d'approches différents, ce n'est pas grave, mais ils doivent ensemble faire équipe en se basant sur la confiance en eux, en l'autre, le soutien et la communication", avance-t-il. Trouver le juste équilibre tout simplement, entre la répartition des tâches et des rôles entre les parents, entre la liberté laissée à l'enfant et la communication entre tout ce monde. "La pédagogie la plus juste consisterait à dialoguer d'une manière à ce que l'enfant, même s'il y a désaccord, se sente valorisé et aimé", nous explique encore l'expert. "Il est également important de ne pas saper l'autorité de l'autre devant l'enfant. On peut prendre le relais, quand l'un des parents n'y arrive plus. On peut en discuter après, si désaccord il y a, par exemple", indique-t-il. "Chaque parent a son propre style, mais l'enfant doit être sûr qu'il a affaire à une équipe, qui travaille ensemble". C'est le meilleur moyen que l'enfant se sente sécurité et plus épanoui.
August 14, 2020 at 02:37PM
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La technique du bon flic/mauvais flic, ça marche dans l'éducation des enfants ? - Magic Maman
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